[BALADE SONORE]
"Bonjour, enchanté ! Je suis Quentin Carouge du Gouët. Je suis avocat de formation et j’officie également comme négociant toilier dans la belle cité de Quintin. J’habite depuis 1753 dans la Grand’ rue, au cœur de la cité. Laissez-moi vous présenter la manufacture du Lin à Quintin ; elle m’a rendu riche !"
Départ depuis l’Office de Tourisme de Quintin.
Remonter la place 1830 puis prendre la rue Notre-Dame à droite en direction de la basilique.
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- BASILIQUE NOTRE DAME DE LA DÉLIVRANCE : LES FILANDIÈRES
Commençons notre promenade à la collégiale ; celle-ci a perdu de son allure depuis l’incendie de 1600. Si seulement l’église pouvait être reconstruite ! Quintin mériterait une magnifique église, pourquoi pas une basilique ; la relique attire tellement de pèlerins ! Nous y croisons aussi régulièrement des jeunes filles avec leurs quenouilles (bâton garni en haut de fil de lin). La coutume veut qu’une filandière offre sa première quenouille à la vierge pour s’assurer de la réussite dans cette activité. Le filage qu’elles font en sus de leur travail - certaines filent le lin pendant qu’elles surveillent leur troupeau - leur rapporte un petit revenu supplémentaire bienvenu. C’était parfois leur métier à plein temps. Ici on dit : “à Quintin, qui n’a pas de lin, n’a pas de pain !”
- LA FABRIQUE - ATELIER DU LIN : LES TISSERANDS
Voilà la maison de l’employeur de nos filandières ; le tisserand. Ce sont des maisons modestes, aux pierres grossièrement taillées. Chaque tisserand emploie une dizaine de filandières pour obtenir assez de fil pour fabriquer ses toiles. Il tisse en général dans sa cave car l’humidité préserve l’élasticité du fil et évite la casse, mais à Quintin pas besoin de cave ; les maisons sont suffisamment humides ! Seul un tisserand peut s’en réjouir, n’est-ce pas ? Si vous jetez un coup d’œil par la fenêtre, vous pourrez apercevoir son métier à tisser. Le son du va-et-vient de la navette qui tisse la trame de la toile rythme les alentours quand il est à l’ouvrage. Savez-vous que les toiles de la région étaient réputées pour leur finesse ? Les fameuses toiles “Bretagne” ! Les connaisseurs recherchent même les toiles “Quintin”, encore plus fines ! Leur provenance est garantie par le tampon du tisserand apposé dans le coin de chaque toile.
- HÔTEL PARTICULIER ET SON ENTRÉE BORDÉE DE DEUX PAVILLONS
Ce collègue négociant a l’esprit pratique ! Il a construit autour de son portail deux pavillons pour stocker les toiles de lin qu’il va exporter. Ce sont des “pileries” où l’on plie les toiles en carreaux : le carroyage. Elles sont pliées, empilées et tassées pour former 3 à 4 piles de toiles que l’on enveloppe dans une toile de chanvre. L’ensemble forme une balle de lin que l’on tamponne avec notre emblème personnel. Ces toiles voyagent ensuite à travers le monde au départ des grands ports bretons. Elles sont très prisées en Amérique du sud notamment, transitant par Cadix en Espagne. Les colons espagnols les transforment en chemises par exemple, le lin étant thermo-régulateur, donc apprécié par fortes chaleurs, et tissé suffisamment fin pour prévenir les piqûres de moustiques.
- COUVENT DES URSULINES : SES LAVOIRS ET VIVIER DE JEUNES FILANDIÈRES
Tiens, revoilà la petite Annick ! Nous l’avions aperçue déposer sa quenouille à la collégiale tout à l’heure et maintenant elle rentre bredouille, si je puis me permettre ! Haha ! Je plaisante, mais cette pauvre petite a la vie rude. Les jeunes filles de milieux très pauvres sont confiées aux bons soins des sœurs ursulines de ce couvent et sont pour la plupart mises au filage de quenouilles, au lavage et au blanchissage des toiles de lin. Le couvent comprend deux lavoirs à cet usage. Ces grandes toiles sont lessivées à la cendre de bois et une fois bien imprégnées, elles sont lavées et mises à sécher. Elles sont courageuses ces petites lavandières car elles finissent souvent trempées jusqu’aux os !
- DOMAINE ROZ MARIA : UN VIVIER PLUTÔT QU’UN ROUTOIR
Pas de bruit ! Nous sommes maintenant au domaine des pères Carmes. Ils n’aiment pas être dérangés. Les Quintinais ne les apprécient guère et je dois avouer que moi non plus… Vous pensez, ils nous ont été imposés pour nous rééduquer à la foi catholique sous prétexte que nos seigneurs étaient protestants. Catholique, protestant… chacun devrait pouvoir croire ce qui lui chante. Pour le coup, ils vivent comme des papes avec leur grande maison conventuelle. Elle ferait passer mon hôtel particulier pour une chaumière ! Ils récoltent aussi le fruit de leur verger luxuriant, de la rente d’une vingtaine de propriétés ainsi que la pêche d’un vivier rempli de poissons ! Les pères Carmes sont chanceux que les terres d’ici soient peu propices à la culture du lin (le lin était cultivé dans le Trégor) car leur vivier aurait très bien pu finir en routoir (bassin où l’on immerge les gerbes de lin pendant 15 jours pour décoller les fibres de lin de leur bois). L’odeur les aurait fait fuir ; ce qui n’aurait pas dérangé les Quintinais !
- L'HÔPITAL
Nous devons ce grand hôpital à notre bon roi Louis XV. Avec nos 700 tisserands et leurs familles qui se sont installés à Quintin, ça commence à faire du monde et il faut les soigner ! Nous approchons les 5000 habitants ; ce qui nous met à niveau égal de la ville de Saint-Brieuc. On a remarqué que les jeunes filles chez les Ursulines tombent souvent malades. Elles prennent des coups de froid l’hiver à laver les toiles. C’est aussi le cas des tisserands qui chauffent peu leurs maisons pour en préserver l’humidité si précieuse pour tisser le lin. Malheureusement, ça se termine parfois en pneumonie pour les plus malchanceux d’entre eux !
- LES HÔTELS PARTICULIERS : LES MAISONS DES NÉGOCIANTS
C’est le quartier de deux autres négociants. Quels beaux hôtels particuliers ! Le plus ancien est celui d’un changeur du roi, l’autre, avec la belle glycine, vient d’être construit. Cette architecture sobre, rythmée par des symétries verticales et horizontales, te rappelle-t-elle quelque chose ? Ce fronton en demi-lune, ou triangulaire… Oui ! On a un peu copié les malouinières des armateurs de Saint-Malo. Il faut dire qu’à chaque fois qu’on leur apporte nos toiles pour l’export, leurs magnifiques demeures nous font forte impression. Ça nous a donné envie de construire de belles bâtisses dans le même style.
- LES HÔTELS PARTICULIERS : LES MAISONS DES NÉGOCIANTS
- RUE BELLE ÉTOILE, ANCIENNEMENT “DES BELLES TOILES” : MARCHÉ SECONDAIRE DES TOILES DE LIN
La rue des belles toiles ! Enfin, les belles toiles, elles sont chez moi. Ici on vend les toiles avec des imperfections, impropres à l’exportation. Seules les plus belles sont vendues par les négociants toiliers et notre tampon est un gage de qualité. La réputation des toiles “Bretagne” et je dirais même plus, des toiles “Quintin”, en dépend ! Oh, il se fait tard ! Ma cuisinière madame Jégado doit s’affairer aux fourneaux et je me dois de prendre congé. J’habite en haut de la rue à gauche. Cette petite promenade m’a creusé l’appétit !
- 0h45
- 2 km
- Facile
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